Pourquoi l’économie circulaire devient elle indispensable à notre économie ?
L’économie circulaire, un concept dont nous entendons de plus en plus parler. Mais que se cache derrière cet engouement pour cette nouvelle vision ? Est-ce un concept nouveau ? Ou a-t-il simplement prit une place prépondérante et légitime dans le monde d’aujourd’hui ? Et surtout, comment le met on en application de façon concrète ?
Nous analysons et décryptons pour vous cette recette miraculeuse, qui pourrait bien changer l’avenir de notre économie…
Introduction
La population mondiale ayant augmenté de 10 fois sa consommation en à peine un siècle (90 milliards de tonnes, chaque année !), ainsi que l’aspiration des pays émergents à un modèle similaire, font que la surconsommation des ressources naturelles sera, à terme, impossible à gérer pour notre planète. Sans changer notre système, nous aurons d’ici 2050, plus de 180 milliards de tonnes de produits consommés chaque année 1.
L’objectif de l’économie circulaire est donc de répondre à ces enjeux sociétaux majeurs : transformer notre économie en gaspillant moins de ressources naturelles, afin de limiter notre impact environnemental mais également améliorer l’efficacité de la production des biens de consommation, à tous les niveaux, afin que nous puissions vivre tous ensemble.
Le « jour du dépassement » 2, marqueur devenu aujourd’hui hautement symbolique des défaillances de notre système actuel, est de plus en plus précoce chaque année.
En 2023, il eut lieu le 2 août3.
En 1986, ce jour était le 30 octobre.
Répondre aux enjeux écologiques avec la circularité
Si les fondements remontent au club de Rome 4, ce concept d’éthique environnementale remonte à la première parution de « Cradle to cradle »5. Sa popularité s’est développée avec la flambée du prix des matières premières et la montée des préoccupations environnementales durant le XXIe siècle.
Cette flambée des prix ne vous rappelle rien ?
Si la production classique d’un bien ne prend pas en compte la production de déchets liée à sa fabrication (extraction, production, consommation et rejet), la vision circulaire permet au contraire d’optimiser les ressources que nous offre notre planète. Car elles ne sont pas inépuisables, et les déchets que nous émettons dégradent notre environnement. Augmenter l’efficacité de notre consommation, tout en diminuant notre impact environnemental, ça semblait évident à nos grands-parents, et ça l’est pour nous aussi.
Certains penseurs, comme Jean-Marc Jancovici, considèrent à juste titre que le calcul du PIB doit s’effectuer différemment. Aujourd’hui, les ressources extraites de la nature ne sont pas comptabilisées comme des pertes pour l’environnement, mais sont considérées comme gratuites par les entreprises qui les exploite.
Ce que dit la réglementation
Loi du 17 août 2015
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 6 fixe plusieurs objectifs de la transition énergétique :
- L’interdiction de sacs de caisse en plastique, des gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine pour la table en matière plastique
- Pénalisation de l’obsolescence programmée
- Réduire de 10% la quantité de déchets ménagers
- Atteindre 65% de recyclage des déchets non dangereux en 2025
Loi du 10 février 2020
La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020 7, appelée aussi loi AGEC, entend accélérer le changement des modèles de production et de consommation afin de réduire les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat.
Elle renforce certains objectifs de la loi de 2015, et ajoute de nouveaux objectifs :
- -15% de déchets ménagers par habitant et -5% de déchets d’activités économiques
- Un objectif de 100% de plastique recyclé d’ici 2025
- La fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040 (avec l’interdiction progressive des pailles, couverts jetables, boites en polystyrène, emballages plastiques, vaisselle jetable, etc…)
Définition de l’ADEME
Selon l’ADEME 8, l’économie circulaire repose donc essentiellement sur 7 piliers, allant de l’approvisionnement durable, jusqu’au recyclage, répartis dans 3 domaines d’actions : l’offre économique, la consommation du citoyen et la gestion des déchets.
L’offre économique
L’approvisionnement durable
En modifiant la manière d’exploiter ou d’extraire les ressources et permettre la limitation des rebuts, cela diminue l’impact sur l’environnement, notamment pour les matières premières et toutes les énergies non renouvelables.
L’écoconception
En concevant un procédé prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du produit, cela permet de minimiser les impacts environnementaux.
L’écologie industrielle et territoriale
Les entreprises peuvent créer une symbiose industrielle en mutualisant les besoins et en organisant entre elle un échange de flux. En s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, les entreprises peuvent donc optimiser les ressources d’un territoire (énergie, eau, matières, déchets, équipements, expertises,…).
L’économie de la fonctionnalité
En privilégiant la vente de l’usage d’un bien plutôt que la vente du bien directement, l’entreprise développe des solutions dans une perspective de développement durable. En effet, si elle continue d’être propriétaire du bien, elle accroît sa responsabilité envers le bien tout au long de son cycle de vie 9.
La consommation du citoyen
La consommation responsable
L’acheteur doit être conduit à effectuer son choix en prenant en compte l’impact environnemental du produit à chacune des étapes du cycle de vie du produit.
L’allongement de la durée d’usage
Le consommateur doit être accompagné et incité à recourir à la réparation, la vente ou au don d’occasion dans le cadre du réemploi ou de la réutilisation.
La gestion des déchets
Favoriser les déchets
L’idée est de pousser l’utilisation de matières premières issues de déchets.
Exemples
Liten – Acteur de la recherche autour des chimies de batteries
Branche dédiée à la recherche du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), Liten 11 recherche une alternative incontournable pour récupérer, valoriser et ré-utiliser les matériaux critiques en développant des procédés de recyclage spécifiques aux composants EnR (Énergies Renouvelables) arrivés en fin de vie. Parallèlement il développe les approches d’écoconception des composants permettant d’exploiter les procédés de recyclage dans les meilleures conditions.
RecycLivre – la librairie de l’économie circulaire et solidaire
Recyclivre 12 a pour mission de donner une seconde vie aux livres afin de réduire l’impact humain sur l’environnement et de favoriser l’accès à la culture. En conséquence, ce qui ne peut être vendu est donné, et ce qui ne peut ni être vendu ni donné est recyclé en pâte à papier en France.
Recyclivre est une entreprise française à taille humaine qui défend que la place d’un livre n’est pas à la poubelle.
C’est une entreprise convaincue qu’il est possible de concilier commerce et engagement en multipliant les mesures afin que son activité ait l’impact le plus positif possible.
Percentil – l’entreprise de vente en ligne de vêtements d’occasion
Si vous avez choisi de ne plus acheter de vêtements neufs, votre décision est tout à fait louable. Il est bien connu que l’industrie de la mode rapide a des conséquences dévastatrices pour l’environnement, avec ses répercussions sur la pollution de l’eau, les émissions de gaz à effet de serre, la surconsommation de matières premières, et les conditions de travail souvent précaires pour les employés.
Vous vous demandez peut-être comment dénicher des vêtements de qualité sans avoir à arpenter inlassablement les friperies de la ville. C’est là qu’intervient Percentil 13, une entreprise de l’économie circulaire qui vous permet de vendre les vêtements que vous n’utilisez plus ou d’acquérir de nouvelles pièces d’occasion. Leur objectif est de donner une seconde vie aux robes, pantalons, tee-shirts, et même aux accessoires. Vous y trouverez des articles à des prix abordables tout en faisant une bonne action pour la planète.
Cycles Goëland – le fabricant de vélos électriques qui réemploi les cadres et fourches usagées
Nous avons pour mission de remettre en circulation des cadres et des fourches de vélos usagés, afin de réduire l’impact environnemental de l’être humain, et de favoriser le recours à la micro-mobilité pour les déplacements urbains et périurbains.
Convaincu qu’il est possible de faire converger commerce et engagement, Goëland s’engage à multiplier les mesures pour réduire l’impact de l’activité humaine, notamment par notre mission visant à réduire les déchets.
Alors pourquoi le modèle d’économie circulaire devient-il indispensable à notre économie ?
Au-delà de l’évidence liée à l’urgence climatique, le concept d’économie circulaire permet plusieurs choses :
Retrouver des produits durables
Combien de fois avez-vous changé de téléphone ces dernières années ? Les constructeurs misant sur le renouvellement des produits pour accentuer la croissance de leur entreprise, espèrent que le cycle de vie de leur produit leur permet de vendre plus fréquemment. On appelle cela l’obsolescence programmée (ça vous parle non ?).
Ce qu’on oublie, c’est qu’aujourd’hui la conscience du consommateur a changé, et la nouvelle priorité est d’utiliser ses produits de façon durable. On a souvent très mal au cœur lorsqu’on doit changer son smartphone pour seulement obtenir plus d’autonomie.
Un fabricant acteur de l’économie circulaire a tout intérêt de voir ses biens émis sur le marché comme étant les plus durables, car son objectif est de pouvoir s’en servir de nouveau, dans les futurs cycles de production.
Accroitre le nombre d’emplois lié à la restauration et au recyclage des objets
On évalue déjà à 800.000 emplois directs et indirects travaillant dans le circuit de l’économie circulaire, soit 3% de l’emploi global en France 14. Selon un rapport remis au gouvernement, l’industrie du vélo pourrait créer plus de 47.000 emplois d’ici 2050 15. La preuve que nous sommes capables d’avoir une économie performante et compétitive en France, sans se focaliser uniquement sur le secteur du tertiaire.
La croissance du PIB n’est donc pas incompatible avec l’idée d’une planète plus durable et écologique à laisser en héritage à nos enfants.
Encore faut-il s’accorder également sur ce qui conventionne le PIB ?
Renaissance de la virtuosité du savoir-faire technique
Après plusieurs décennies de délocalisation, notre savoir-faire industriel s’est littéralement envolé vers l’étranger.
Sur 2,7 millions de vélos vendus en France en 2021, seul 660.000 ont été produits ou assemblés en France. De plus, parmi les vélos assemblés, la plupart des composants (cadres, dérailleurs, freins, pneumatiques, …) proviennent tout de même du continent asiatique. Alors, rouler en vélo est vraiment écologique dans ce contexte ?
Nos vélos sont conçus et assemblés en France, et notre objectif à moyen et long terme est de faire revivre le savoir-faire français du monde du cycle.
Conclusion
La réduction des déchets, le potentiel économique, la création d’emploi, et l’ambition d’une indépendance industrielle française, sont toutes les motivations qui nous conduiront tôt ou tard vers un changement de modèle de notre système économique et productif.
Toutes les sources ayant servit à rédiger cet article sont à retrouver ici :
- « Utilisation rationnelle des ressources » UNEP.org ↩︎
- « Jour du dépassement » : correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an. ↩︎
- « Jour du dépassement » WWF ↩︎
- Le club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de cinquante-deux pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement. Réunie pour la première fois en avril 1968. ↩︎
- « Du berceau au berceau » – Michael Braungart, William McDonough. L – 2002 ↩︎
- Loi relative à la transition énergétique du 17 août 2015 – www.vie-publique.fr ↩︎
- Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020 – www.vie-publique.fr ↩︎
- « L’économie circulaire » ADEME ↩︎
- « L’économie de la fonctionnalité » Ecologie.gouv ↩︎
- « Infographie économie circulaire » ADEME ↩︎
- « Recyclage et Chimie verte » LITEN ↩︎
- « Qui sommes nous ? » Recyclivre ↩︎
- « Qui sommes nous ? » Percentil ↩︎
- « L’économie circulaire, combien d’emplois ? » France Stratégie ↩︎
- « Comment l’industrie du vélo pourrait créer des milliers d’emplois en France ? » Usine Nouvelle ↩︎